lundi 21 juillet 2008

Soutien à Siné

Article de l'AFP du 19 juillet 2008

Pétition de soutien à Siné avec près de 2.000 signatures, selon ses proches


Le caricaturiste Siné, le 17 juillet 2008 à Vinnemerville

PARIS (AFP) — Une pétition de soutien à Siné, licencié de Charlie hebdo après une chronique sur une supposée conversion au judaïsme de Jean Sarkozy, a obtenu près de 2.000 signatures, selon les proches du dessinateur et chroniqueur.

"C'est impressionnant, c'est de la folie", a commenté Siné à l'AFP.

La pétition rappelle les faits reprochés au chroniqueur, "un anar", qui "dénonce seulement, avec le ton fleuri qui est sa marque de fabrique, l'opportunisme du fils du président de la République".

Elle reproche au directeur de la publication de Charlie hebdo, Philippe Val, de s'être "couché devant Jean Sarkozy", et évoque la "grande gueule" de Siné, "sa violence intellectuelle, son humour et surtout sa maison ouverte à tous: Juifs, Arabes, Français, Noirs, Auvergnats, Bretons, pédés, communistes".

"Nous apportons notre soutien inconditionnel à Siné", disent les signataires.

Le texte est signé par nombre de dessinateurs -Willem, Pétillon, Pichon, Philippe Geluck, Desclozeaux-, des écrivains tels Gilles Perrault, François Maspero et Raphaël Confiant, des philosophes comme Michel Onfray et Daniel Bensaïd, les humoristes Guy Bedos et Christophe Alévêque, l'écrivain et cinéaste Fernando Arrabal, le réalisateur Pierre Carles, des enseignants, des journalistes -Denis Robert, Denis Sieffert...-, la comédienne Marina Vlady, le porte-parole de la LCR Alain Krivine, l'entarteur Noël Godin...

Ses proches ont en outre transmis à l'AFP le texte d'une lettre de Guy Bedos à Philippe Val, qu'il accuse d'être à l'hebdomadaire "ce que Sarkozy est à la France", et une autre de l'avocate féministe Gisèle Halimi qui estime que le licenciement de Siné "participe des procès en sorcellerie qui se multiplient aujourd'hui pour maintenir une psychose du juif persécuté".

Enfin ils citent une interview du dessinateur Plantu à l'Est républicain, où il souligne que Charlie Hebdo est "un journal de provocateurs (...) qui fait du bien", et que "dans la provocation il convient d'accepter les dérapages".


Texte de Plantu dans l’Est Républicain

« Charlie fait le contraire de ce qu’il prône »

« Oui, Siné est viré alors qu’il n’a fait que de la provocation. Charlie Hebdo fait le contraire de ce qu’il prône, censure la liberté de parole. Mais ce n’est pas la première fois. Il faut arrêter la démagogie qui laisse à penser qu’on peut tout dire ou dessiner à Charlie Hebdo. Cela fait des années que je dis que c’est faux. J’y ai travaillé quelques semaines et il n’était pas imaginable que je puisse faire le moindre dessin positif sur l’école privée. Que ce soit clair, Charlie Hebdo est un journal de provocateurs, un journal que j’aime, qui fait du bien, avec des dessinateurs provocateurs, mais, dans la provocation, il convient également d’accepter les dérapages. Siné a fait un dérapage mais on ne peut pas le taxer d’antisémite pour autant. Après avoir poussé dehors le dessinateur Lefred Thouron il y a quelques années, Charlie vient de faire la plus belle connerie qu’il a jamais faite ! Je ne veux pas croire que les dessinateurs de Charlie Hebdo acceptent une telle censure ».

Lettre adressée à Siné par Gisèle Halimi :

« Siné n’est pas ce qu’il est convenu d’appeler un ami. Sa misogynie volontairement primaire nous a tenus éloignés l’un de l’autre, malgré quelques causes communes essentielles. (anticolonialisme, antiracisme etc.). La direction de Charlie Hebdo vient de le licencier brutalement. Motif allégué : propos antisémites. A la lecture attentive de ses quelques lignes, je suis en mesure d’affirmer - en spécialiste du droit de la presse - qu’il ne s’agit que d’un prétexte ; un procès pour antisémitisme n’aurait guère de chances d’aboutir. Cette opération participe donc des procès en sorcellerie qui se multiplient aujourd’hui pour maintenir une psychose du juif persécuté. Charlie Hebdo s’est toujours posé en champion de la liberté d’expression. Rappelez-vous le tonitruant procès mis en scène, filmé, supermédiatisé des caricatures de Mahomet. Aujourd’hui il porte à cette liberté un coup terrible en tentant de museler Siné-le-libertaire. J’ai participé en son temps avec Cavanna et d’autres, à la création de Charlie Hebdo. Cette aventure superbe risque de s’achever dans la honte. J’ai bénéficié jusqu’à présent d’un service de presse du journal. Arrêtez. Je ne veux plus vous entendre ni vous lire. »

Gisèle HALIMI

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